Cette campagne électorale préparatoire aux élections, la présidentielle et les législatives, devrait être l’occasion d’un débat politique de haute tenue et de haut niveau. C’est la situation gravissime du pays, de l’Europe et de la planète qui l’impose. Les forces politiques, les candidats devraient se saisir de l’occasion pour de vraies confrontations d’options et de sens, en y associant le maximum de citoyennes et de citoyens. Ce n’est pas ce qui se passe ! Ici, un ministre en est à demander le retour de l’uniforme à l’école. Là, un autre vient de mettre à jour une autre trouvaille : supprimer le mot « mademoiselle » sur les documents administratifs.
C’est pitoyable ! Le pouvoir de droite tente de diviser, de dresser ceux qui n’ont rien contre ceux qui n’ont pas grand-chose pour préserver le grand capital. Il crée un contexte explosif, si la gauche ne se porte pas à la hauteur des enjeux en cours. Elle doit le faire en osmose avec toutes celles et ceux – et ils sont majoritaires – qui aspirent et recherchent autre chose. Malheureusement, elle en est loin. À continuer ainsi, elle donne de la vigueur, par défaut, à la droite qui est pourtant largement rejetée. On ne peut qu’être inquiet de tels développements s’ils devaient se poursuivre car, dans une telle crise, ils ouvriraient la voie à la progression de l’extrême droite présentée comme force d’opposition. Par ricochet, une telle menace favoriserait le vote utile et affaiblirait la gauche de transformation sociale essentiellement portée par le Front de Gauche et les candidats communistes aux législatives. Ce débat est indispensable, nécessaire. Une victoire de la gauche se traduisant par une austérité de gauche remplaçant une purge de droite, serait dramatique. On voit ce que cela a donné en Espagne.
Ce débat nécessaire n’a pas pour objectif d’attaquer le candidat socialiste. Il vise au contraire à créer les conditions d’une large victoire de la gauche parce que mieux porteuse des attentes populaires et des exigences qu’expriment les organisations syndicales et le monde associatif dans leur diversité. C’est le seul moyen pour une gauche authentique d’être, dans son pluralisme, plus unie, plus forte face à la droite, l’extrême droite, le grand patronat, l’Europe ultralibérale et les marchés financiers.
Changer implique forcément un autre mode de discussions et peut-être des affrontements au sein de l’Union européenne pour une renégociation du traité de Lisbonne en faisant appel aux peuples européens. Les batailles de la gauche devront porter sur le changement des missions et des orientations de la Banque centrale européenne, sans quoi il ne se passera pas grand-chose de positif pour les familles populaires. L’enjeu fondamental n’est pas de « donner un sens à la rigueur » comme le dit F. Hollande, ni d’en rabaisser sur le niveau des solutions nécessaires à gauche. Au contraire !
C’est à partir d’un haut niveau de solutions qu’on empêchera l’austérité, la récession qu’elle alimente et qu’on sortira de la crise actuelle